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Quel bilan tirent les nouveaux enseignants contractuels de leur début d’année scolaire ?

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Ces vacances de la Toussaint qui démarrent, ils les attendaient comme une libération. Les 4.500 nouveaux enseignants contractuels embauchés pour la rentrée scolaire, en raison du manque de profs titulaires, ont connu des journées marathon depuis septembre. « Je suis épuisé, je vais faire un gros break pendant ces vacances et je ne travaillerai que trois jours avant le retour en classe », confie à 20 Minutes Benjamin, prof contractuel en primaire en Seine-Saint-Denis.

Un état de fatigue qui reflète l’énorme challenge qu’il a dû affronter : « J’ai été affecté dans trois écoles, dans une classe de CM1 et dans deux classes de CP-CE1, car je complète le service d’enseignants qui sont à temps partiel », explique-t-il.

« Certains ont été jetés sans filet en salle de classe »

Pour les nouveaux comme lui, le ministère de l’Education avait promis quatre jours de formation pour les initier au B.A.-BA du métier. « Cette formation a eu le mérite d’exister, même si elle n’était pas suffisante. La majorité des néocontractuels l’ont suivie et ont eu en plus accès à des modules sur la pédagogie via la plateforme Canopée », indique Dorothée Crespin, déléguée nationale chargée des contractuels à SE-Unsa. Mais Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, a d’autres retours du terrain : « La formation n’a pas eu lieu partout et certains ont été jetés sans filet en salle de classe ». A l’instar de Lyne, qui a répondu à notre appel à témoins : « J’ai débuté avec zéro jour de formation et en devant tout découvrir par moi-même ». Benjamin, lui, a eu droit un saupoudrage : « J’ai suivi deux jours de formation, dont un dédié à la laïcité et l’autre à des aspects pratiques, comme la gestion du carnet d’appel. »

Pour être épaulés lors de leurs premiers pas, les néocontractuels devaient aussi bénéficier du tutorat d’un enseignant expérimenté. « Mais il n’y en a pas eu suffisamment, notamment parce que les enseignants ont déjà une charge de travail assez lourde », observe Guislaine David. Claire, prof contractuelle en lycée professionnel, a fait partie des chanceuses : « J’ai une tutrice, c’est-à-dire quelqu’un à qui je peux poser des questions sans culpabiliser à outrance. » Benjamin, lui, n’a pas eu ce privilège. « Du coup, je me suis beaucoup formé en surfant sur des forums enseignants et en posant des questions en salle de profs. Certains collègues m’ont aidé, d’autres pas, car ils voient dans les contractuels une forme de précarisation de leur métier. »

Des coups de pouces qui sont plus fréquents dans le premier degré, selon Dorothée Crespin : « Car un contractuel va croiser souvent ses collègues, alors qu’en collège et lycée, ils n’ont pas forcément les mêmes horaires et sont moins amenés à échanger. »

« Un travail personnel jusqu’à 1 heure du matin »

Pour être prêt à démarrer une leçon face à leurs élèves, les nouveaux profs ont dû passer de nombreuses heures à préparer leurs séquences. Selon une note de la Depp sortie cette semaine, la moitié des enseignants déclare travailler plus de 43 heures par semaine. Mais selon Guislaine David, « pour les débutants, c’est beaucoup plus car ils partent de zéro. » C’est le cas de Claire : « Je suis enseignante de matières que je ne maîtrise pas et dont je découvre les contenus au fur et à mesure, légèrement en amont de mes élèves. Malgré un travail personnel jusqu’à 1 heure du matin tous les soirs en septembre, je n’ai toujours pas rattrapé mon retard ni pris d’avance ». Lyne a aussi eu un rythme de travail très soutenu : « Parfois, je m’écroule de fatigue à 20h30, alors je me lève à 2 heures du matin pour bosser jusqu’à 6 heures et entamer ensuite ma journée d’école. »

Benjamin, qui a trois classes différentes, doit donc préparer trois séquences différentes chaque semaine. « J’y passe au moins deux heures chaque jour. Sans compter le travail de coordination que je dois assurer avec les enseignants que je remplace certains jours de la semaine », explique-t-il.

« Je suis lobotomisée, mais j’aime beaucoup ce métier »

Face à ces difficultés, certains s’en sortent mieux que d’autres : « C’est le cas des anciens AED (assistant d’éducation), des candidats qui ont passé un concours enseignant et ne l’ont pas réussi ou des personnes qui ont travaillé auparavant dans l’animation », observe Guislaine David. Et après deux mois d’efforts, certains contractuels ne regrettent pas leur choix, à l’instar de Lyne : « Je suis lobotomisée, mais j’aime beaucoup ce métier », ironise-t-elle. Même enthousiasme chez Benjamin : « Travailler avec les enfants est vraiment passionnant. Auparavant, je travaillais dans la finance et je voulais donner plus de sens à ma vie professionnelle. C’est réussi », estime-t-il. Claire a aussi l’impression de trouver ses marques peu à peu. « J’ai la foi chevillée au corps, et les encouragements reçus m’aident à m’accrocher et à me dire que je suis parfaitement à ma place dans l’enseignement. »

La période de pause pourrait être décisive pour certains : « Ceux qui reviendront après les vacances de la Toussaint resteront jusqu’à la fin de l’année », affirme Dorothée Crespin. « Certains contractuels ont démissionné dès les premières semaines car ils étaient complètement perdus. Et la période d’essai d’autres, qui n’étaient pas du tout à leur place, n’a pas été validée », ajoute Guislaine David. Interrogé sur le nombre de démissions, le ministère de l’Education n’a pas communiqué sur le sujet.

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