Romain Ntamack avait prévenu avant le début de saison, dans 20 Minutes : « A Toulouse, on ne se contente pas de deux demi-finales », avait lâché l’ouvreur des Rouge et Noir et du XV de France. Le Stade Toulousain était déçu d’avoir fini l’exercice précédent bredouille, un an après un superbe doublé, et on allait voir ce qu’on allait voir. Et en effet, on voit. Après huit matchs de Top 14, l’équipe d’Ugo Mola n’a perdu qu’une fois, à Pau (26-16).
Elle a gagné chez le champion de France montpelliérain avec une équipe presque expérimentale (17-19) et vient de mater La Rochelle, champion d’Europe en titre, pour la huitième fois d’affilée, ce dimanche à Ernest-Wallon (26-17).
Blessé au tibia, l’aîné des frères Ntamack est blessé depuis la 2e journée ? L’arrière polyvalent Thomas Ramos a pris l’ouverture avec talent, enquillant tous les points de la victoire sur les Maritimes (un essai et sept pénalités, pour un seul échec au pied). Toulouse et Antoine Dupont, qui a connu des scories inhabituelles dans son jeu (ballon perdu, coup de pied contré…), n’ont pas eu besoin de rayonner pour l’emporter contre les coéquipiers de Grégory Alldritt, il est vrai réduits à 14 dès la 12e minute après le carton rouge reçu par le pilier Reda Wardi.
« Une équipe proche du niveau international »
Une défense solide, une conquête dominatrice, un bel opportunisme incarné par un buteur efficace, et roulez jeunesse… « C’est une équipe proche du niveau international, a salué Alldritt après la rencontre. Elle est très réaliste et rien qu’avec cela, ça suffit. » « C’est un résultat plus que satisfaisant, avait lancé un peu plus tôt Dupont. Il y a un peu de frustration sur le contenu car les Rochelais nous ont empêchés de jouer, soit en ralentissant les ballons soit en faisant des fautes. On a su en profiter grâce à la réussite au pied de Thomas. »
Avant de pénétrer dès à présent dans la période pas franchement bénie des doublons, le principal fournisseur du XV de France pour les test-matchs de l’automne (neuf joueurs) a rentré du grain pour l’hiver : neuf points d’avance sur son dauphin, le Stade Français, et 10 sur La Rochelle. « Une position confortable » pour le 2e ou 3e ligne Thibaut Flament, l’un des internationaux en question, heureux de rejoindre Marcoussis en laissant son équipe « sur une bonne dynamique ».
L’entraîneur de la défense Laurent Thuéry est dans son rôle lorsqu’il émet un bémol : « Nous sommes à la 8e journée du championnat, l’an dernier on avait plutôt bien commencé puis on avait connu un sacré trou d’air » A la même période, Toulouse était en effet déjà leader du Top 14, mais avec seulement trois points d’avance sur l’UBB.
Mais, alors que les premiers doublons s’annoncent lors des deux prochains samedis (à Bayonne, puis contre le Stade Français), le club semble avoir fait le nécessaire pour éviter de revivre l’historique « trou d’air » d’il y a un an : six défaites de suite en championnat entre novembre 2021 et février 2022. Le recrutement est venu corriger les faiblesses entrevues derrière, avec des internationaux (Jaminet, Barassi, l’Italien Capuozzo) mais aussi Arthur Retière, dont la polyvalence (ailier et arrière) s’apprête à rendre de fiers services avec l’assèchement de l’effectif, pour cause de sélections des uns et des autres.
Une politique de rotation plus affirmée
Il en va de même pour Alexandre Roumat en 3e ligne, toujours en salle d’attente chez les Bleus. A condition que la blessure contractée ce dimanche par l’ancien de Bordeaux-Bègles ne l’oblige pas à rejoindre une infirmerie déjà bien remplie, notamment par les vainqueurs du dernier Grand Chelem Romain Ntamack, Cyril Baille – tous deux sur le retour – et François Cros.
L’encadrement haut-garonnais a cherché à faire tourner son équipe dès le début de saison pour éviter les erreurs passées, entre cadres surmenés et réservistes hors du coup et privés de repères quand ils étaient appelés à prendre le relais des titulaires. Rien ne dit pour autant que le club empilera un 22e Bouclier de Brennus et/ou une sixième Coupe d’Europe dès le printemps prochain. Mais à ce jour, le Stade Toulousain bénéficie de plusieurs longueurs d’avance, au moins au niveau domestique, et pas uniquement sur le plan comptable.