Qui seront les nouveaux visages du gouvernement italien ? Giorgia Meloni, dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d’Italia vainqueur des législatives, a été chargée de former un gouvernement par le président Sergio Mattarella, a annoncé le secrétaire général de la présidence.
Giorgia Meloni, 45 ans, a accepté cette responsabilité, devenant la première femme appelée à cette fonction dans l’histoire du pays. Elle présentera vendredi après-midi la composition de son gouvernement, qui prêtera serment samedi matin à 8 heures sous les ors du palais du Quirinal devant le président de la République Sergio Mattarella.
Qui sont les personnages clés au pouvoir ?
Giancarlo Giorgetti, ministre du Développement économique sous Mario Draghi, sera le ministre de l’Economie dans le nouveau gouvernement italien, a annoncé ce vendredi la nouvelle Première ministre. A, 55 ans, il passe pour une figure puissante mais discrète de la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini, dont il est considéré comme l’un des représentants les plus modérés et pro-européens.
L’ancien président du Parlement européen Antonio Tajani, membre de Forza Italia, est nommé aux Affaires étrangères. L’eurodéputé Raffaele Fitto, coprésident du Groupe des conservateurs et réformistes européens, présidé par Giorgia Meloni, hérite du portefeuille des Affaires europénnes. Matteo Salvini, patron de la Ligue anti-immigration, revient au poste de vice-Premier ministre qu’il avait déjà occupé à l’issue des élections de 2018, lorsque son parti avait formé un gouvernement avec les populistes écolos du Mouvement 5 Étoiles. Il prend par ailleurs le portefeuille de l’Infrastructure et des Transports.
Le technocrate Matteo Piantedosi, 59 ans, qui a passé toute sa carrière dans la préfectorale et la haute fonction publique, arrive au ministère de l’Intérieur dans un gouvernement nationaliste pour lequel les questions de sécurité et d’immigration sont stratégiques. Le député Carlo Nordio est pour sa part nommé ministre de la Justice, tandis que Guido Crosetto, très proche de Giorgia Meloni, est nommé à la Défense.
Une série de défis à relever
A un moment particulièrement difficile de la troisième économie de la zone euro, la leader d’extrême droite sera confrontée à plusieurs défis. En premier lieu, l’inflation qui a augmenté de 8,9 % sur un an en septembre. Giorgia Meloni devra aussi s’attaquer au budget d’un pays longtemps miné par une croissance et une productivité faibles. Elle s’est engagée à ne pas le faire exploser pour rassurer les investisseurs. L’Italie a une dette colossale de plus de 2.700 milliards d’euros, soit environ 150 % de son produit intérieur brut (PIB), le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce.
L’Italie a été particulièrement touchée par la crise énergétique en raison de sa dépendance aux importations de gaz. Avant la guerre en Ukraine, l’Italie importait 95 % du gaz qu’elle consommait, dont 40 % environ en provenance de Russie. Ce chiffre est tombé à environ 10 % depuis que Mario Draghi a signé des contrats augmentant le volume de gaz provenant d’autres producteurs, tout en accélérant le passage aux énergies renouvelables.
Le parti, présidentiel, post-fasciste Fratelli d’Italia, eurosceptique, a renoncé à demander la sortie de l’Italie de l’euro, mais Giorgia Meloni a promis de défendre davantage les intérêts de son pays à Bruxelles. La croissance future de l’Italie dépend cependant de près de 200 milliards d’euros de subventions et de prêts accordés par l’UE dans le cadre de son fonds de relance post-pandémie. Ceux-ci dépendent à leur tour d’une série de réformes, allant de la justice à la numérisation de l’administration publique, qui doivent être mises en œuvre d’ici à 2026. La coalition de la Première ministre a promis de revoir ce plan, mais elle n’a pas encore dit comment, et comme une partie des fonds a déjà été versée, Bruxelles ne permettra vraisemblablement pas de changements majeurs.
Soutien ou pas à l’Ukraine
Mario Draghi a été un fervent défenseur des sanctions occidentales contre Moscou pour l’invasion de l’Ukraine et l’Italie, membre de l’Otan, a également envoyé des armes à Kiev. Giorgia Meloni a soutenu cette position, même quand elle était dans l’opposition, et avec ses alliés a promis de continuer à soutenir l’Ukraine, ce qui risque de devenir plus compliqué.
Matteo Salvini critique en effet régulièrement les sanctions contre la Russie qu’il juge inefficaces et contre-productives tandis que Silvio Berlusconi, dont le parti Forza Italia est également dans la coalition de Giorgia Meloni, entretient des relations personnelles avec Poutine depuis des années et qu’il assure avoir récemment « renouées ».