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Généraliste, spécialiste… « Trouver un médecin relève du parcours du combattant ! »

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« On ne prend pas de nouveaux patients ». « Désolé, la réservation est impossible ». « Aucune disponibilité en ligne ». Que l’on habite dans une grande ville, en périphérie urbaine ou en milieu rural, la désertification médicale gagne du terrain en France, et trouver un médecin traitant relève pour beaucoup du chemin de croix.

Que ce soit pour consulter un médecin généraliste ou un spécialiste, les lecteurs et lectrices de 20 Minutes qui ont répondu à notre appel partagent leurs galères pour trouver des rendez-vous médicaux.

« On se retrouve à faire 50 km pour un rendez-vous chez le dermato »

Après avoir déménagé, Nelly n’a jamais réussi à trouver de médecin traitant. « Pourtant, on a choisi d’habiter en ville justement pour profiter de toutes les commodités, dont l’accès aux soins. Résultat, on a dû garder notre médecin de famille de notre ancien lieu de résidence, et on se retrouve à faire 50 km pour un rendez-vous chez le dermato ou l’ophtalmo quand on n’a trouvé que ça sur Doctolib. C’est infernal ! » Idem pour Devi, qui, elle, habite en milieu rural et doit généralement « attendre deux mois pour voir [sa] généraliste. Quant aux spécialistes, c’est pire : impossible de trouver un gynécologue ou un rendez-vous chez l’ophtalmologue. Et je dois me faire arracher une dent, mais il n’y a pas de place avant janvier. Résultat : je fais souvent deux à quatre heures de route aller-retour pour aller consulter dans les grands CHU de la région, ce qui engendre du stress, une perte de temps et un surcoût financier. C’est épuisant ».

Emeline, qui vient de s’installer à Angoulême, en Charente, rencontre les mêmes difficultés. « J’ai cherché en vain pendant des semaines un généraliste et un dentiste. Mon conjoint, lui, est obligé d’aller à Bordeaux, à 100 km, pour consulter. Aucun généraliste du département ne nous a acceptés, j’ai trouvé une place dans un cabinet à 55 km de mon domicile. Et c’est pareil pour mes collègues. J’ai vécu dans d’autres départements auparavant, mais je n’ai jamais connu ça ».

« Il y a des départs de médecins, mais jamais d’arrivées »

Quand Nicolas, 36 ans, a remarqué sur sa peau un grain de beauté suspect, son médecin traitant lui a proposé un rendez-vous dans un délai de deux mois et demi. « Alors j’ai pris rendez-vous avec un médecin à 45 minutes de chez moi, pour pouvoir consulter dans la foulée un dermatologue, qui a programmé une ablation avant la fin de l’année. Mais si j’avais attendu une place chez mon médecin, quelle évolution aurait pris ce grain de beauté ? »

Résidant en Seine-et-Marne, Mary le sait, elle vit dans un désert médical. « Quand je suis arrivée il y a cinq ans, un nouveau médecin s’est installé, au bout de quelques jours, il ne prenait déjà plus de nouveaux patients ! Et depuis, il y a eu des départs mais plus jamais d’arrivées. Nous construisons des centres médicaux dont les locaux ne trouvent pas preneur, se désespère-t-elle. Résultat, aujourd’hui, dans le meilleur des cas, il me faut attendre au mois quinze jours pour un rendez-vous avec mon généraliste, mais pour le pédiatre, je dois m’y prendre trois à quatre mois à l’avance. Donc si mon enfant a une gastro ou une otite, je passe par des applications pour des téléconsultations avec des praticiens n’importe où en France ».

« Même à Paris, impossible de trouver un médecin traitant »

Et les grandes villes ne sont pas épargnées par le non-remplacement des médecins qui partent à la retraite. A l’instar de Louisa : « Mon généraliste a pris sa retraite en décembre dernier, et même en vivant à Paris, impossible de trouver un médecin traitant. Pourtant je vois les créneaux libres sur Doctolib, mais les médecins ne prennent plus de nouveaux patients, c’est rageant. Je ne pensais pas que même en ville, la situation était aussi critique ».

Et le constat est le même dans d’autres grandes villes. Linda le voit à Nice, où elle vit. « C’est difficile à croire que dans cette ville, il faille attendre deux à trois mois pour un rendez-vous avec son généraliste, et pourtant ! » Dans son quartier « en pleine expansion, il n’y a plus que deux médecins, qui ne prennent plus de nouveaux patients depuis quelques années ».

« J’ai renoncé à me faire soigner »

Face à cette situation, certains font un choix radical. « J’ai renoncé à me faire soigner, confie Véronique. Je viens d’appeler vingt et un médecins généralistes, sans succès, et pour un spécialiste, on arrive vite à un an d’attente. Entre ceux partis à la retraite et les autres qui saturent, c’est mission impossible en Ardèche, même en cherchant à 30 km à la ronde. Ça fait peur cette pénurie de médecins dans un pays comme la France ».

Ce n’est pas Christophe qui dira le contraire. « Il y a quatre ans, mon généraliste a mis la clé sous la porte sans prévenir. Depuis, j’opte pour le système D : je me débrouille tout seul, vu qu’aucun médecin ne prend de nouveaux patients dans le secteur », poursuit celui qui a aussi fait l’impasse sur l’ophtalmo, faute de rendez-vous disponibles. « J’ai décidé de m’en passer, ma vue n’a d’autre choix que de s’adapter.et quand on voit les solutions proposées par Emmanuel Macron, il vaut mieux ne pas tomber malade ! »

En attendant, favoriser le cumul emploi retraite des médecins

Face à une désertification médicale qui prend de l’ampleur sans qu’aucune solution ne se profile à court terme, le chef de l’Etat Emmanuel Macron a décidé d’appeler les médecins en âge de prendre leur retraite à continuer d’exercer en cumul emploi retraite. « Tous les médecins qui arrivent à la retraite, on va leur permettre de [la] prendre la retraite, mais [s’ils le souhaitent] de pouvoir continuer leur activité et de garder tous les revenus qui sont les leurs, pour eux, sans payer de cotisations retraite nouvelles », a-t-il proposé mercredi soir sur le plateau de l’émission L’événement.

Eric, médecin généraliste en Mayenne, « retraité depuis trois ans », n’a pas attendu cet appel pour combler les manques. « Je suis en activité dans un service médical de proximité. Nous sommes plusieurs médecins en cumul emploi retraite à assurer ce service, qui permet un accès aux soins dans ce département manquant de praticiens. Nous voyons entre 75 et 100 patients par jour, cinq jours sur sept ». A quand un peu de repos pour lui ?

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